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Damien Gouache (Burton) : "Les gens ont faim de snowboard"

Jour de clinique à Glisse Proshop. Les représentants de diverses marques de snowboard viennent nous présenter leur collection pour cette nouvelle année. Parmi eux, Damien Gouache. Ce nom vous dis sûrement rien. Pourtant, sans lui, le snowboard français ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Véritable pionnier, ce savoyard de naissance, a participé dans l'ombre et en toute humilité au développement du snow dans l'hexagone.

C'est avec grand plaisir, et une pointe de stress, qu'il accepte de nous livrer sa vision sur le snowboard au terme d'un questions réponses passionnant.

Alpes ou Pyrénées ?

Hum... Pyrénées. J'ai eu la chance d'y vivre cinq 5 ans. Et j'ai découvert une montagne mortelle avec de vrais amoureux de leur région.

Snowpark ou Poudreuse ?

Poudreuse

Jeux olympiques : pour ou contre ?

Contre

Cambre classique ou Flying V ?

Classique

Raclette ou tartiflette ?

Tartiflette ! Mais qu'avec patates et reblochon

Method ou Triple Cork ?

Method, clairement.

Laçage Speedzone ou Boa ?

Héhé... Je suis passé au boa, donc je suis obligé de dire boa maintenant. Mais c'est par-ce-que je suis vieux !

Gants ou Moufles ?

Moufles

Fixation classique ou Step on ?

Pour l'instant classique. Mais il ne faut jamais dire jamais.

damien burton 1

'À l'époque c'était interdit de prendre les remontées mécaniques en snowboard !'

Damien, tu es chez Burton depuis ?

Je ne peux pas le dire ça fait trop longtemps.... (rire). Ça fait 30 ans que je travaille pour eux. Quand tu y réfléchis, ça ne me rajeunit pas ! Ma vie professionnelle c'est Burton, je ne fais que ça.

Qu'est ce qu'il te plait dans le snowboard ?

Pfff (il réfléchit) Ça date. Quand j'étais petit, je faisais pas mal de conneries... Ma mère avait une amie dont le fils fabriquait des snowboards. Pour me donner une passion et me sortir de mes bêtises elle me l'a fait rencontrer. On a fabriqué ensemble ma première planche. En contreplaqué marine, avec des footstraps..

Le début pur du snowboard...

Exactement. Ça m'a trop plu. J'ai fais connaître ça à tous mes potes, ils ont fait la même chose. A l'époque c'était interdit de prendre les remontées mécaniques en snowboard. Du coup on montait à pied. Fallait être motivé ! Et puis j'ai jamais arrêté depuis.

Parles nous des fixations Step On. Il y avait le Step In il y a quelques années, là ça revient à la mode ?

La fixation automatique c'est une grande Histoire. Il y a eu tout un tas de marques qui ont essayé. Mais le fait de ne pas avoir de standard ça a tué le système. Rien n'était adaptable, le SAV était compliqué, bref, les gens ont arrêté d'en acheter. Mais là, le nouveau système est vraiment abouti, et surtout, un standard est en train de se créer. D'autres marques que Burton créent des boots adaptables au Step On. Le système peut perdurer.

damien burton 3

C'est l'avenir des fixations de snowboard ?

Pour être sincère j'ai essayé, c'est très charmant, ça donne envie à être rider. Mais peut être par-ce-que je suis vieux, j'ai du mal à passer à ce style de fixation. Par contre les jeunes s'intéressent vraiment à ce nouveau système. Mon fils par exemple, m' a demandé de rider ça. Le côté pratique est vraiment alléchant. Il ne veut plus se baisser pour fixer son snowboard. Et ils sont beaucoup aujourd'hui dans ce cas là.

Toi tu ride avec quoi ?

Que des vieux trucs ! (il rit). Je ne suis pas tout jeune. Fidèle à la Custom X depuis des années. Mais en petite taille pour compenser la rigidité de la board, car avec l'âge on est moins performant !

Je suis intermédiaire, je ride une fois par an, sans me prendre la tête. Je prends quoi comme snowboard ?

Il y a des questions de budget dans tout ça. Quelqu'un qui ride une fois par an en vacances peut partir sur une planche de snow entrée de gamme sans soucis. Après s'il est sportif autant partir sur un snowboard évolutif comme un milieu de gamme. Enfin, s'il a les moyens et veut se faire plaisir, une planche haut de gamme fait le travail aussi. Aujourd'hui elles sont composées de fibres. On a l'impression de rider une planche entrée de gamme tellement c'est facile à rider. Par contre quand on le pousse le snowboard répond.

Donc on peut trouver à n’importe quel budget un snowboard pour rider une fois par an.

« Chamonix fera toujours rêver des générations de riders du monde entier »

Quelles sont les nouveautés snowboard Burton ?

Avec ce qu’il s’est passé l’année dernière on a décidé de prolonger les gammes. Mais on a quelques nouveautés comme le 3D. La planche a une forme d’étrave en spatule et au talon. La neige est évacuée plus rapidement. Ça donne en poudreuse une douceur de ride et plus de vitesse.

Justement, après cette année noire, comment vois-tu cette saison qui arrive ?

Les gens ont faim de snowboard c’est clair. Ça se ressent sur les réservations en station. C’est plus élevé que d’habitude. Et on les comprend car on est pareil. On a envie d’y aller en montagne.

Toi tu m’as dis être un vieux de la vieille, tu as tout connu dans le snow : où le vois-tu dans 10 ans ?

(il réfléchit) C’est dur à appréhender aujourd’hui car il y a beaucoup de changements dans l’industrie.

La pandémie joue un rôle la dedans. C’est pénible de monter à pied avec des chaussures de ski, Du coup les gens en stations, l’année dernière, ont loué du snowboard.

On voit beaucoup de jeunes se mettre au snow. On note aussi un regain du skate. On voit énormément de skateurs. Et en général ils s’orientent plus vers le snowboard car c’est la même position.

Après comment attirer ? En pratiquant notre sport comme on l’aime. Il amène des sensations qui sont à mon avis inégalables. On n’est pas en face de la piste on est de travers et ça, ça change tout.

Burton c’est la marque historique de snowboard. Comment est vu le marché français pour cette marque américaine ?

Le marché français est un marché important mais au sein de l’Europe. Après c’est un marché intéressant pour Burton, car on la chance d’avoir une montagne connue mondialement chez nous : Chamonix. J’ai connu des américains qui volaient le panneau d’entrée pour le ramener chez eux en souvenir tellement c’est mythique là-bas (rire). Cham ça a fait rêver, ça fait rêver et ça fera rêver des générations de riders dans le monde entier…

En compétition les Américains dominent les débats. Comment faire en France pour titiller ces champions ?

Est-ce un but en soit ? Justement c’est la grande problématique du snowboard. Quand il est rentré aux Jeux Olympiques, on a vu une grande diversité de riders face cette nouveauté. Le snow ce n’est pas que la compétition. Ça peut être la compétition, mais c’est aussi autre chose. C’est beaucoup plus vaste que ça.

Après en terme d’infrastructures pour faire progresser les jeunes, je pense qu’on a des snowparks qui sont pas mal. On a ce qu’il faut pour qu’ils puissent progresser, mais ils ne cherchent pas tous ça.

Je remarque une grande différence entre le ski et le snowboard. Je vois mes parents, en ski,ils veulent partir d’un endroit A et rejoindre un endroit B, dévaler des kilomètres de pistes, le tout sans passer par le même endroit. En snow c’est complètement différent. On peut faire la même piste, toute sa vie, si elle est parfaite on s’en fou. Si le run est terrible, qu’il y a des sauts de partout, on se régale à faire ça. On n’a pas besoin d’une grande station, on a juste besoin de s’éclater c’est tout (il sourit)

Le snowboard en un mot ?

(il réfléchit) C’est trop bien…